Vous voila parvenu un message dont le sens s'efforcera de ne pas trop basculer dans les méandres d'en dessous la pensée: rien qui soit évident. Il ne s'agira ni de politique, ni de pensée en général, mais d'être, ou encore de tout ce que l'on voudra, mais qui n'est ni ceci ni cela en particulier, et qui n'attend rien d'autre, pour se tordre des convulsions qui depuis l'orgine des temps alertent l'homme, le chien, le cheval, d'assourdissantes conflagrations à venir, que nous le pointions sévèrement, par derrière les choses et le monde, d'au moins l'un de nos deux yeux, devenu grave et comme subitement inquiet. Notre siècle n'est pas le bon.
Et justement parce qu'il n'est ni le meilleur ni le pire, mais que, médiocre entre tous, il nous presse les épaules de l'ennuyeuse certitude de sa médiocrité, il n'est pas le bon: par derrière les choses et le monde, seul lieu où compte le temps et s'égrène ce siècle, jetons nos corps! Peu de choses méritent d'être sauvées: qui attendra cependant un jugement dernier? Nous, hommes éminents et rares, hommes ailés et méconnaissables, ne jugeons pas les siècles et les hommes selon les critères de l'humanité, mais selon nos cœurs, si cruellement rares qu'ils ne peuvent rien avoir à faire de l'humanité qui les a engendrés.
Aussi, nous ne réclamons pas la justice selon le monde, pas plus que la justice selon le Dieu des hommes, et du reste: mais nous affirmons le rétablissement nécessaire d'un grand éclat d'effarante cruauté, je veux dire de vie, car tout va maintenant crevant: les médecins ne trouvent plus à soigner que des morts malades de vivre, là où dans nos estomacs distingués se forme l'image idéale de vivants que la mort seule sait rendre malade: l'entendez-vous bien, lecteurs? Tout va crevant et se rendant malade de vivre encore, et le long de nos sillages compliqués, par de sombres tours de jardiniers et de médecins, nous rétablissons, méchante, la vie: c'est-à-dire que nous achevons de crever ce monde!
A cela tient l'éclatante entreprise du Bureau de Recherche, dont le nom seul doit laisser entendre le noble sérieux de nos intelligences hirsutes, titanesques et démembrées. Nous avons grand besoin d'adeptes aux corps puissants, aux esprits monstrueux, et aux cœurs bouleversés par la grande et lamentable tétanique agitation de ce siècle qui pue la mort: qu'avec nous ils s'emploient à ne plus rien faire qu'affirmer, dans un cri de bête plus qu'humaine, les imprécations illuminées qui vivifient la vie, en deçà de tout intérêt personnel, de toute morale, de toute croyance et de toute charité.