à Julie
Dans le silence doux et confortable
De sa chambre aux murs de sable
Elle s'installe sur un tabouret noir
Etire ses doigts sans trop y croire,
Mais quand elle commence,
Quand du bout des mains elle lance
Sa belle tristesse dans les oreilles
Cette mélancolieuse merveille,
Quand cette fille devenue femme
Reine de musique aux yeux de flamme,
Quand son ombre illumine la pièce
Quand sous ses doigts le monde s'affaisse,
Je vois alors dans le fond de ses pupilles
Mon dieu une larme toute seule qui brille,
Et qui trop lourde glisse sur sa joue
Qui tremble, comme sa lèvre sans sou,
Sa peau brûle sur chacune de ses notes,
Elle va vite, c'est sa passion qui l'emporte
Sa respiration s'accélère à chaque accord,
Son cœur devient tempête dans son corps,
Ses mains lui font mal jusqu'au bout des doigts,
Mais elle l'a promis, jamais sa musique ne s'arrêtera,
Elle pleure maintenant, son amour est mort trop tôt,
Et cette jeune demoiselle mourra sur son piano.