Et cette manie de mettre des points à chaque fragment de phrase. Comme pour contrôler ce qui ne se contrôlera jamais.
I'm sorry Ms. Jackson.
Cette manie de répéter son prénom. Comme si c'était la dernière chose à laquelle il pouvait se rattacher. Comme on s'attache à du sable. Du sable trop chaud, assez chaud pour bien brûler.
I am for real.
Cette manie de faire vivre les mots. Comme un écrivain que l'on méconnaît encore. Il fait retentir deux, trois, quatre fois un mot simple qui se métamorphose brusquement sous sa plume.
Never meant to make your daughter cry.
Cette manie de marcher comme elle. Si sûrs d'eux. Comme s'ils s'étaient toujours connus. Comme s'ils s'attendaient. Sur les marches d'une gare où les trains se séparent... où le quai dont le plancher résonnent sous leurs pieds semblait soumis à leurs trente volontés.
You can plan a pic nic.
Cette manie de lui décrire la scène sur laquelle il joue. Cette manie d'employer les mots du jeu, comme une fillette arracherait les bras de sa poupée.
But you can't predict the weather.
Toutes ces manies, elle ne les aurait jamais prédites. Ou peut-être.
Car l'on ne peut jamais rien prévoir.
Un tremblement de feuille. Sa feuille à elle, était verte. Elle a entendu le tremblement comme on entendrait un murmure au creux d'un cou.