On ne sait pas assez jusqu'où manger entraîne l'esprit. Et je ne parle pas du corps, lui qui mâche, et avale et digère. Et défèque. Parfois même en pleine nuit, alors que l'esprit dort, le corps digère, car le corps ne dort pas. Ce n'est pas vrai, qu'il dort. On ne le sait pas assez, mais l'on en fait pas moins l'expérience, et alors que dehors on nous parle de guerres et de sorcellerie, de lycanthropie et d'autres choses encore, dont la considération seule suffit à nous sécher les os, on entend gronder notre corps. Et ce n'est pas pour rien, s'il gronde ! Car tous sont plus ou moins d'accord pour admettre qu'il n'y a rien qui soit plus près de la forme inique du Dieu vengeur que la constitution même de notre corps, et ça ne gronde là-dedans qu'en attendant que ça tonne. Et l'homme appelle cela : chier. Mais c'est l'écho en nous de la colère vibratoire de Dieu, dont l'oscillation est de nature telle que ça gronde, et puis que ça tonne. Je parlais de l'esprit, mais l'esprit n'est rien d'autre que cette oscillation même : de la digestion et de l'excrétion, quelque chose émane, et ce quelque chose est très justement l'esprit. Et à vrai dire, c'est pour cette seule raison qu'il ne faut accorder de la conscience qu'à ce qui chie. Et pas au reste. Ainsi nous reste-t-il un critère pour juger de ce qui possède la pensée: rassurez-vous, philosophes, nous ne soupçonnerons plus les pierres d'être plus sages que vous !