Toute la poésie
a le derme enflé d'air
et de sanie et vous
croyez aux mots et à
l'harmonie composée
par tout ça.
Mais tout ça ce ne sont que des conneries et viande mal traduite parce que la viande on la traduit pas
hommes il y a vos sexes et femmes les entrailles de l'humanité et vous croyez à autre chose comme par exemple je veux dire à la beauté et à toutes sortes de beautés, celle du dedans étant sans conteste la plus amusante à considérer.
Et puis toutes sortes de biens et de maux. Oh, comme le bien est bien, comme le mal est mal, comme les gentils sont gentils et les méchants méchants méchants méchants méchants. Béni soit le coeur, d'avoir poétisé! Qu'aurions-nous fait, sans le coeur et sa poésie? La vie est cruelle, mais la cruauté est belle: nous aurions tout fait pareil, en moins pathétique peut-être. Les enfants qui crèvent, je veux dire qu'on s'en tape, et qu'on ne les pleure et qu'on ne gémit que pour oublier que derrière toutes les souffrances et toutes les joies il y a quelque chose de bien plus terrible, et qui est l'ennui
si maux et joies contenaient assez de réalité positive pour nous faire oublier notre ennui, toutes ces médiocres productions humaines en quoi consistent la toute petite et plébéenne poésie et la microbienne morale de prêtraille sans vie, ainsi que leurs incestueuses unions, ne seraient pas si promptes à la prolifération. Mais le mal comme le beau, le beau comme le bien sont de si peu de force qu'à chacune de leurs manifestations ils ont vite fait de sombrer tout entier dans l'ennui.
Et alors commence un spectacle bizarre dans la longue nuit de l'ennui et à peine un crépuscule d'angoisse l'annonce-t-elle: les hommes se mettent à s'agiter, à gesticuler, à se tordre, à se frotter et à s'émasculer: et voilà l'art, l'amour, le crime, le bien, le mal: voilà en somme la vie, rejeton multiforme de l'ennui!
Vous m'ennuyez.